Le TCV... et après ? L'exemple du Tibetan SOS Youth Hotel de Delhi
1/ Qu'est-ce que l'organisation Tibetan Children’s Village (TCV) ? Le TCV est une organisation non lucrative. Le TCV a mis en place, parallèlement à ses écoles, des centres d’artisanat afin d’assurer une partie de ses propres revenus. Les TibétainEs participent également de leur mieux au financement du TCV.
Cependant, malgré ces sources de revenus, le TCV dépend toujours énormément de la générosité et de l’attention d’autrui et de toute aide extérieure et internationale. Sans toutes les personnes qui s’impliquent dans le TCV, particulièrement par des parrainages, il lui serait impossible d’assurer son rôle auprès des enfants tibétains démunis et réfugiés. N’oublions pas qu’aujourd’hui encore des centaines de TibétainEs fuient l’oppression chinoise et cherchent asile en Inde ou au Népal. À leur arrivée, la plupart des familles sont totalement démunies, et le TCV est la seule chance pour les enfants de voir leurs besoins minimum assurés.
2/ Quels sont les enfants admis au TCV ? Tous l es enfants et les adolescents admis au TCV
viennent de familles tibétaines très démunies et réfugiées en Inde. Certains enfants sont orphelins, d'autres sont nés en exil, d’autres enfin sont venus seuls du Tibet : des parents désespérés envoient du Tibet leurs enfants en exil et les confient aux TCV - seule possibilité pour ces enfants d'échapper à l’impérialisme chinois et à la misère qui les attend dans leur pays natal, et de recevoir une éducation tibétaine. Dans le Tibet sous occupation chinoise, aucun enseignement du tibétain n’est dispensé au-delà de l’école primaire, et les enfants tibétains sont très souvent victimes de discrimination et de sévices corporels et psychologiques dans les écoles. De plus, les frais de scolarité sont très élevés et peu de familles tibétaines peuvent les payer. Des ONG ont rapporté que des enfants vivant à Lhassa (capitale du Tibet) souffrent de malnutrition : les Tibétain-e-s vivant dans le Tibet occupé font l'objet de nombreuses discrimination, et ne trouvent souvent ni emploi ni logement salubre.
3/ L'histoire du TCV Une des priorités essentielles du Dalaï Lama lors de son arrivée en Inde après l'invasion chinoise a été d’assurer l’éducation des centaines d’enfants tibétains (la plupart orphelins) réfugiés en Inde, au Népal et au Bhoutan. De toutes urgences, il fallait mettre en place un système assurant la survie de ces enfants, tout en permettant de maintenir l’identité, la culture et l’héritage tibétains, et en préparant ces enfants à un monde en changement et à un nouvel environnement.
À la demande du Dalaï Lama, le gouvernement indien a généreusement et rapidement mis en place la Tibetan Schools Society, alors soutenue par des individus et des organisations locales et internationales.
Parallèlement, le Council for Tibetan Education s’est créé en 1960 pour superviser la situation et particulièrement l’éducation des enfants tibétains réfugiés. Les enfants réfugiés et orphelins ont besoin d’une structure capable de leur promouvoir une éducation de qualité mais dans une atmosphère familiale, respectant la culture, les traditions et la religion du Tibet. C’est pour répondre à cette demande que le Tibetan Children’s Village et le Tibetan Homes Foundation ont été créés.
Actuellement, 17 TCV et environ 80 écoles tibétaines existent en Inde, Népal et Bouthan, pour un total de plus de 27 000 enfants scolarisés. L’âge des enfants va de 6 à 25 ans. Il y a de plus 62 maternelles et crèches, et des centres d'accueils pour étudiantEs.
4/ La vie dans le TCV de Chauntra Bien plus que de simples écoles, les TCV sont avant tout des lieux de vie, de véritables "villages d'enfants" où l’enfant peut passer des années entières ; ce sont aussi des lieux de préservation et de transmission de la culture tibétaine en exil. Au-delà de cette mission culturelle, les TCV donnent aux enfants le maximum d’atouts pour qu’ils puissent s’insérer dans la société indienne dont, bon gré mal gré, ils font désormais partie : ils apprennent bien sûr le tibétain, mais aussi le hindi et l’anglais, les mathématiques, l’histoire, la géographie, les sciences... Tous sont initiés à l’informatique, et petits et grands, organisent des spectacles culturels, des rencontres sportives et ont des moments de détente. Des sorties sont organisées régulièrement à l'extérieur du TCV. La vie des enfants se déroule de façon structurée et les TCV font tout leur possible pour que leur quotidien soit heureux, tout favorisant leur autonomie.
Les enfants sont regroupés par "home", ces bâtiments qui comprennent les dortoirs (filles et garçons séparés) et une cuisine. Chaque home est placé sous la responsabilité d’une Tibétaine appelée "Mère". Bien plus qu’une simple surveillante, cette femme veille à leur équilibre physique et psychique et à leur bien-être. Avec l’aide des enfants, organisés par équipes, elle planifie et prépare chacun de leurs repas, pris collectivement par "home", qui comptent une cinquantaine d'enfants. Tous les repas du TCV de Chauntra sont végétariens et équilibrés. Le plus souvent, ils se composent de riz, de légumes frais et de protéines (lentilles, protéines de soja, oeufs); ou bien de tukhpa, soupe tibétaine aux légumes et aux “nouilles-maison”, et lors des occasions des momos (gros raviolis farcis aux légumes), des samoosas (beignets de légumes triangulaires)... Le dispensaire du TCV permet de répondre aux maux physiques courants des enfants, et un dentiste fait une permanence une fois par semaine.
Les classes comptent une trentaine d’enfants, motivés pour suivre les enseignements car ils sont conscients que c’est leur seule chance de pouvoir, plus tard, avoir un travail qui leur plaise et leur permette de vivre. Le circuit scolaire correspond à celui en Inde, et les diplômes dispensés par le TCV sont reconnus par le gouvernement indien (ce sont les mêmes examens).
Bien que le personnel et que l’ensemble des enfants soient tibétains (l’admission d’enfants indiens reste exceptionnelle), le TCV cherchent à développer de bons rapports avec leur pays d'accueils.
Régulièrement, des activités sont organisées en faveur des villages alentours : ce peut être nettoyer une rivière de ses déchets, aménager une source, restaurer un chemin, organiser des festivités dans un village... Malgré tout, des tensions peuvent exister car, comme partout, ces réfugiéEs sont parfois malheureusement perçus comme des “étrangers”, des “immigrés”, et leur présence n’est pas forcément toujours la bienvenue. La devise des TCV est de ne jamais riposter aux éventuels actes agressifs ou de provocation dont ils pourraient faire l’objet, mais de privilégier la prévention et le dialogue.
L’exil rend la vie très difficile pour la plupart des TibétainEs en Inde. Les modes de vie traditionnels ont dûs être abandonnés ; en exil beaucoup survivent en revendant divers objets, des vêtements, ou bien grâce à de petits restaurants. CertainEs cassent des cailloux toute la journée pour en faire du gravier. Ces modes de vie leur permettent souvent tout juste de vivre - exiléEs, mais libéréEs du joug chinois.
Les TCV offrent aux enfants tibétains démunis la chance d’être scolarisés dans le cadre de leur culture. Beaucoup de familles étant trop pauvres pour payer les études de leurs enfants, les TCV fonctionnent grâce à des dons, des subventions du gouvernement tibétain en exil et surtout à la mobilisation des parrains et des marraines du monde entier. Les familles qui le peuvent contribuent plus ou moins aux frais des TCV. Aujourd’hui, des milliers d’enfants et d'adolescentEs vivent dans les TCV. Le TCV de Chauntra se situe en Himachal Pradesh, dans les contreforts Himalayens. Il compte plus de 950 enfants et adolescentEs.
5/ Le TCV... et après ? L'exemple du Tibetan SOS Youth Hotel de Delhi. Le circuit scolaire correspond à celui en Inde, et les diplômes dispensés par le TCV sont reconnus par le gouvernement indien. Ce sont d'ailleurs les mêmes examens. Après avoir suivi une scolarité dans un TCV, et si leur résultats sont satisfaisants, les adolescentEs peuvent continuer des études supérieures dans une université indienne. S'ils préfèrent, ou si leur niveau ne leur permet d'entrer dans une université, ils peuvent suivre une formation professionalisante (artisanat, mécanique ou autre).
Dans certaines grandes villes indiennes, le gouvernement tibétain en exil a mis en place des centres d'hébergement pour les étudiantEs, comme le Tibetan SOS Youth Hotel de Delhi. Ces centres, qui dépendant toujours de l'association Tibetan Children's Village, accueillent les jeunes, leur évitent d'être trop livrés à eux-mêmes dans les immenses villes indiennes et leur permettent de s'entraider. Le centre de Delhi accueille 200 jeunes de 18 à 25 ans, qui étudient dans les diverses universités de la ville le commerce, les langues, l'art, le droit, etc. Ils prennent le métro et le bus, et reviennent chaque soir au Youth Hotel. Des repas entièrement végétariens leur sont servis. Le directeur du centre, très attaché au végétarisme, autant pour des raisons éthiques qu'environnementales, a fait poser des panneaux en faveur du végétarisme dans l'enceinte de la cour.
La quasi totalité de ces étudiantEs sont parrainéEs, mais le coût de leur études et de leur hébergement dans le centre dépasse largement celui des écoles du TCV (au moins le double). La politique du TCV, conscient des efforts déjà effectués, est de ne pas solliciter d'avantage les parrains et les marraines. Pour soutenir le Tibetan SOS Youth Hotel de Delhi, n'hésitez pas à envoyer vos dons à Maïcha (merci d'indiquer "pour le Tibetan SOS Youth Hotel de Delhi) !
Des réfugiées tibétaines se baillonent pour dénoncer symboliquement le silence qui leur est imposé, lors de la Quatrième conférence des nations
unies sur les femmes.
Pékin, 1995.