Maicha

29 janvier 2012

Répression au Tibet

Classé dans : Tibet — Maïcha @ 7 h 48 min

Immolations, massacres… le poids du joug chinois sur le Tibet est toujours aussi pesant, mais les autorités chinoises savent désormais comment le passer sous silence. Cette performance (étant donné que nous sommes à l’ère de la communication) est possible grâce à de multiples pressions, l’expulsion des journalistes, l’étroite surveillance de toute personne suspecte et l’interdiction aux touristes d’accéder aux régions concernées.
Malgré cette répression et ce totalitarisme, de rares informations filtrent et suscitent  l’inquiétude. Que se passe-t-il réellement aujourd’hui au Tibet ?
L’article de Libération « On massacre les Tibétains à huis-clos et le monde ne peut rien y faire » tente d’apporter des éléments de réponse :

Répression sanglante au Tibet (2012)
Répression sanglante au Tibet (2012)

« Afin de dissimuler la gravité des événements qui sont en train de se dérouler dans les régions tibétaines du Sichuan et du Qinghai, le gouvernement chinois coupe systématiquement toutes les sources d’informations disponibles aux journalistes étrangers en poste en Chine.
Un écrivain tibétain de Pékin a reçu cette semaine, par trois fois, la visite de policiers en civil. Ils l’ont menacé de mesures de rétorsion si il accordait des interviews à la presse étrangère. « Je suis obligé de me taire, désolé… », explique-t-il dans un message.
Les 23 et 24 janvier, la police et l’armée chinoise ont ouvert le feu sur deux manifestations de Tibétains, tuant entre deux et neuf personnes, selon la communauté tibétaine en exil et plusieurs associations pro-tibétaines.
Jeudi, les forces de sécurité chinoises ont à nouveau tiré sur une foule de Tibétains qui tentaient d’empêcher l’arrestation d’un des leurs, tuant au moins une personne, selon l’ONG Free Tibet.
Des régiments entiers de soldats ont été déployés en renforts et une forme de loi martiale est désormais en vigueur dans les préfectures d’Aba et Ganzi où se sont déroulés ces incidents meurtriers. La répression qui sévit dans les régions tibétaines du Sichuan et du Qinghai depuis un an est telle que 16 Tibétains s’y sont immolés par le feu en signe de protestation. Mais sans photos à mettre la une des journaux, leur sacrifice est passé largement inaperçu dans le monde, et plus encore en Chine où la presse censurée n’a pas écrit la moindre ligne sur ces dernières violences.
Black-out médiatique
Celle-ci publie à l’inverse des articles lénifiants sur l’harmonie qui règne entre les « minorités ethniques tibétaines » et les « braves » soldats de l’armée populaire de Libération. Le black-out médiatique est omniprésent. Les faisceaux satellite des chaînes étrangères (CNN, BBC…) disponibles en Chine sont brutalement coupés chaque fois que ces heurts sanglants sont évoqués. Tous les journalistes qui ont tenté jusqu’alors de se rendre sur place ont été arrêtés et refoulés par l’armée. « Il y a des chutes de neige, pour votre sécurité, faites demi-tour », s’est vu ordonné hier un reporter de l’AFP.
Même à des centaines de kilomètres des régions concernées, à Chengdu, la capitale du Sichuan, un strict contrôle de l’information à la source a été mis en place par le gouvernement. Des brigades de policiers en civil ont ainsi été déployés pour empêcher les journalistes de parler aux habitants du quartier tibétain de la ville. « Il est interdit de prendre des photos et d’interroger les gens », a annoncé hier une escouade de dix policiers en civil barrant le passage à un journaliste occidental.
Quand aux liaisons téléphoniques et internet des zones concernées, elles ont bien sûr été coupées. Faute d’observateurs, personne ne sait vraiment ce qui s’y passe. « La situation est extrêmement grave, ajoute l’écrivain cité ci-dessus dans son dernier message, on massacre les Tibétains à huis-clos, et le monde ne peut rien y faire… » »

Par PHILIPPE GRANGEREAU – notre correspondant à Pékin

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